Mardi 14 août 2012. Gjirokaster


Chapitre 12 sur 16.
(38 pages et 32 photos dans la version complète)

Extrait :



Qu’il est agréable de dormir dans un bon lit puis de prendre une douche avant de descendre manger ! On s’était tous bien reposés et la première véritable question qui se posait ce matin-là était de savoir de quoi serait fait notre petit déjeuner. C’est quelque chose qu’on aime bien, ça, à l’hôtel : profiter d’un bon buffet à volonté proposant plein de choses diverses et variées ! Et de fait, le choix, sans être très très varié, n’était pas non plus complètement ridicule. Il y avait comme boissons du lait, du jus d’orange et du thé (à moins que ça ne fut de la tisane) mais il n’y avait pas de cacao, dommage. Il y avait du pain qu’on pouvait faire griller et qu’on pouvait tartiner au choix avec du beurre, de la confiture de cerise ou de la marmelade à l’orange. Des céréales type Corn Flakes étaient à disposition. Du jambon, aussi, et des œufs, sous trois formes différentes : sur le plat, durs ou en petites omelettes. Un petit déjeuner copieux en perspective pour qui peut s’accommoder de tout cela de bon matin ; un petit déjeuner un peu gras sans doute pour qui surveille de près son cholestérol... Le jus de fruit n’était pas de première qualité, c’était un liquide à base de concentré de fruit plutôt qu’un pur jus ou qu’un nectar. Mais surtout, on déplorait l’absence de fruits... Ils auraient été les bienvenus. Tant pis. C’était ainsi et dans le beau salon où l’on a pris ce petit déjeuner (une grande salle dans laquelle tout, tables et chaises, était drapé de blanc) on s’est quand même servis et resservis. Des clients de l’hôtel étaient déjà là et d’autres arrivaient : ballet de gens plus ou moins réveillés découvrant chacun leur tour le menu matinal... Des petits groupes, des personnes seules... Nous avions quasiment fini de manger lorsque nous avons remarqué qu’un homme attablé mangeait de la pastèque. Pendant la durée de notre petit déjeuner, le personnel de cuisine avait en effet déposé sur les tables du buffet, sans qu’on les remarque, des plats avec dedans du raisin et de la pastèque. On n’avait plus forcément très faim après ce qu’on avait déjà avalé, mais l’appel de ces fruits frais fut si fort qu’on est restés un peu plus pour en profiter !

Le ventre plein, nous sommes remontés une dernière fois dans les chambres et les avons vidées de nos bagages. Nous avons ensuite chargé la voiture après quoi je suis allé à la réception où j’ai réglé la facture. Quatre-vingt-dix euros. Muriel s’est étonnée que ce soit si cher. Notre guide annonçait moins, c’est vrai, mais c’était le prix sur lequel je m’étais entendu avec mon interlocutrice lors de la réservation sur internet. Je ne pouvais donc rien dire... Le Grand Hotel Palace était, précisons-le, un établissement qui ne demandait pas d’arrhes lors de la réservation et ça avait joué dans mon choix. Depuis Villemoustaussou, pouvais-je être sûr à cent pour cent qu’on serait bien là à la date programmée ?! Il ne s’agissait pas d’avancer des arrhes à droite à gauche puis de subir un décalage de programme qui nous aurait fait perdre toutes ces arrhes, voire laissés sans toit ! Bref, j’avais accepté ce prix mais au moins je savais que la case « nuitée assurée » pouvait être cochée ! Prévue, budgétée, cette nuit ne posait plus de problème.

Moteur ! Un gardien a déplacé la barrière mobile qui matérialisait la zone dédiée au parking de l’hôtel et nous sommes partis. Derniers coups d’œil sur Korça avant la route qui nous attendait. J’avais laissé un chiffre erroné sur mon planning et avais donc annoncé trois cent cinquante kilomètres à parcourir au lieu des deux cent trente qu’il nous faudrait en réalité couvrir. C’était tant mieux : le trajet allait ainsi paraître moins long. Et de toute façon : même pas peur !


Une fois hors de Korça, c’est tout de suite en pleine nature qu’on se retrouve.


Nous partions pour Gjirokaster, une autre ville du sud de l’Albanie, mais autant le trajet entre la Macédoine et Korça offrait du plat, autant celui qui nous attendait aujourd’hui était un peu plus dénivelé, escarpé, voire chaotique. Nous allions en effet traverser de magnifiques paysages de petites montagnes verdoyantes et suivre pour cela les routes en lacets permettant de passer d’une vallée à l’autre. Voilà qui laissait présager que notre vitesse n’allait pas être aussi élevée qu’elle aurait pu l’être dans d’autres conditions !


Panneau indiquant un changement de région.


Mais vous savez ce que c’est... Quand on est en vacances, le temps ne s’écoule pas exactement comme d’habitude. Si perdre une heure dans les bouchons du périphérique parisien n’enchante pas celui qui les subit lorsqu’il se rend au travail ou lorsqu’il rentre chez lui, rallonger d’une heure son trajet n’est pas forcément chose horrible pour le touriste en vacances. On était dans ce deuxième cas. Les premiers kilomètres (dix, quinze, peut-être), furent sans surprise. Ça roulait ; dans tous les sens du terme. Mais par la suite, ça s’est vite gâté... Et quelque part on s’y attendait pour l’avoir lu ici ou là, et il n’y avait pas de raison qu’on passe au travers, pas de raison qu’on échappe à ce qui est une sorte de spécificité locale, de passage obligé... Car elles ont beau être tracées dans des décors magnifiques, les routes de montagne albanaises ne sont pas les plus confortables du monde, qu’on se le dise ! Certaines portions du réseau national comme la route entre Tirana et Elbasan sont larges et en bon état, paraît-il. Je ne peux pas vous le confirmer puisqu’on ne l’a pas empruntée, mais d’autres voyageurs vous renseigneront... On verra aussi plus tard, à Butrint, que des petites portions de routes accueillant des touristes en nombre sont bien entretenues. Mais à l’été 2012, la route ralliant Korça à Gjirokaster restait un itinéraire comme qui dirait... sinistré.


Sur la route de Gjirokaster...


Quand un nid de poule troue la chaussée, il est aisé de le contourner, mais quand la route n’est que nids de poules suivis d’affaissements de chaussée et de changements de qualités de surfaces de revêtements, ça devient plus sport ! On reste philosophe, au départ, au volant. On prend ça avec humour, voire avec le contentement de se trouver dans un schéma pour lequel on s’était psychologiquement préparé. Ça secoue, c’est rigolo. On s’interpelle entre chauffeur et passagers, on s’avertit : oh-là ! Attention, en voilà un gros ! Sans oublier de regarder le paysage et d’en profiter... Regardez cette belle vallée, avec la rivière, en bas, dans laquelle on aimerait bien piquer une tête ! Regardez ces petites maisons perchées là-haut ! Et là, un champ avec des moutons ! Un âne, et là encore, une vieille carriole déglinguée qu’on n’avait pas vue avant d’aborder ce virage ! Ou un pont, enfin... ce qu’on peut appeler un pont parce qu’il permet à la route de franchir un obstacle. Moi qui travaille dans un service de réparation d’ouvrages d’art où la sécurité des usagers est un critère à ne pas négliger, je peux vous dire qu’il y en aurait des tas, sur la SH75, des ponts à classer en état inquiétant ! Etroits, sans garde-corps, avec des éléments menaçant de tomber à chaque passage de véhicule... Bref, un trajet parfois à la limite du dangereux mais qu’on a heureusement fait sur une route quasi déserte et donc avec un minimum de risques d’embêter ou de se faire embêter par quelqu’un d’autre arrivant en face ou souhaitant doubler. N’empêche, le trajet était sinueux par les séries de virages et d’épingles qu’il nous faisait prendre, mais également « sinusoïdal » (!) si l’on considère que le bas de caisse suivait la surface d’une route pour le moins cabossée. Et encore : quand on ne touchait pas par terre ; ce qui ne manquait pas de faire râler les passagers qui, secoués de longue, ne pouvaient pas forcément imaginer la concentration qu’il faut garder sur ce type de parcours !


Petite halte pour estomac retourné...


Et ce qui devait arriver arriva... Aux environs de Ersekë, soit après une quarantaine de kilomètres environ seulement, Simon a demandé à ce qu’on s’arrête parce qu’il avait envie de vomir. On a donc fait halte face à un restaurant qui à cette heure-là n’était pas ouvert, non loin d’une sorte de plage de galets qu’offrait de notre côté de la route une plate berge de la rivière qui coulait là. Tout le monde est sorti se dégourdir les jambes, prendre l’air et chercher l’ombre. Je voyais moi qu’on n’était pas partis depuis très longtemps et je calculais que s’il fallait faire le reste du trajet dans ces conditions, avec plus de temps de pause que d’ordinaire, on n’était pas près d’arriver à destination ! C’est là que Simon nous a dit qu’il avait mangé cinq œufs sur le plat, le matin, au petit déjeuner... Pas malin, hein, quand on sait qu’on voyage mal le ventre trop plein ! Ça y était : Lucile tenait sa vengeance ! Après les moqueries qu’elle avait subies au camping Serenissima où elle avait rendu son œuf dur pendant le repas du soir, c’était à son tour de pouvoir se moquer de son frère ! Et elle ne s’en est pas privée !


Allô ? Attends, je ne te capte pas bien !



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