Dimanche 12 août 2012. Struga
Chapitre 10 sur 16. (16 pages et 15 photos dans la version complète)
Extrait :
J’ai dit au fils des propriétaires, le matin, que de la musique nous avait gênés la majeure partie de la nuit. Elle avait d’ailleurs dû gêner aussi tous les autres campeurs, mais il m’a répondu qu’il n’avait lui rien entendu et qu’il ne savait pas qui avait bien pu faire beugler sa stéréo comme ça toute la nuit. Je ne fus pas trop convaincu par sa réponse, mais j’ai dû m’en contenter. Et puis on n’allait pas passer notre journée à enquêter sur ce fait divers car on avait bien mieux à faire ce matin-là : aller se baigner dans le lac Ohrid ! Du côté ouest de la parcelle qui correspond au terrain de camping, il y a la route, orientée nord-sud. Côtés nord et sud, il y a des grillages séparant le camping des terrains voisins sur lesquels rien n’est encore sorti de terre. Et côté est, derrière les tentes et les camping-cars, derrière une haie de petits saules pleureurs, il y a une petite plage. Pas de sable, mais de petits cailloux clairs. Cette plage est délimitée à gauche par un petit embarcadère en béton devant lequel il y a une table qu’on utilisera et à droite par un parapet maçonné qui s’avance dans l’eau, soutenant une petite terrasse ronde sur laquelle une tonnelle semblait avoir été annexée par une famille d’Allemands non partageurs qui y laissaient des affaires sur une table qu’ils ne débarrassaient jamais. On pense que ce sont des gens qui séjournent régulièrement ici avec leur gros camping-car et qui, au fil des ans, ont acquis le petit privilège de la jouissance du lieu ; privilège que les autres campeurs, qui restent moins longtemps, n’essayent même pas de leur disputer. Pour cela, ces Allemands ne nous ont pas paru très sympathiques. Les dégaines de leurs deux fils n’ont pas aidé, non plus !
Le temps était splendide et la température idéale. On a pris des chaises qu’on a déplacées jusqu’au rivage pour se reposer et bouquiner. Les plus chanceux ont réussi à mettre la main avant les autres sur une des deux chiliennes en plastique qui étaient mises à disposition des campeurs ! Moi, j’avais hâte de faire trempette. Je me suis changé et, en maillot de bain, j’ai traversé le camping. Je me suis fait précéder dans l’eau par un couple d’Allemands (d’autres, pas ceux que j’ai évoqués un peu plus haut) : ils sont rentrés rapidement dans l’eau, ont nagé un peu sans trop s’éloigner, puis sont ressortis assez vite. Un besoin de fraîcheur vite assouvi ! A mon tour, je suis allé au contact de l’eau. Un pied, puis l’autre... Et ainsi de suite, très facilement : les genoux, les cuisses, le ventre, la poitrine... Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que la tête qui dépasse ! Une progression qui a été d’une déconcertante rapidité tant l’eau était délicieuse !
La plage du camping Rino vue depuis les eaux du lac Ohrid.
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A deux ou trois mètres seulement du bord, les petits cailloux de la plage cèdent la place à un fond beaucoup plus agréable pour la plante des pieds. Ce n’est pas du sable mais c’est très fin. Je parlerais plutôt d’une sorte de vase, mais heureusement inodore ; pas de celles qui dégagent des relents de vieux marécages ! Ce tapis de velours est en pente si douce qu’on peut aller très loin tout en gardant pied. Quant à l’eau, elle était tout sauf froide. J’étais donc aux anges, en apesanteur, tiraillé entre l’envie de nager en direction de la lointaine rive d’en face et l’envie de barboter non loin du bord, de clamer à ceux qui voulaient bien l’entendre que ce bain était un vrai bonheur et qu’ils passeraient vraiment à côté de quelque chose s’ils ne me rejoignaient pas pour profiter comme moi d’instants exceptionnels ! J’ai finalement opté pour la seconde solution avant de comprendre que mes appels resteraient sans effet. Et suis donc passé rapidement à la phase nage.
Lorsqu’on regarde au loin la surface du lac Ohrid, on voit une eau d’un très beau bleu dont la pureté saute aux yeux lorsqu’on en observe la transparence près du rivage où de paisibles vaguelettes viennent dispenser leurs caresses avant de se retirer. Lorsqu’on regarde l’eau du lac Ohrid « d’en haut », de sa propre hauteur, lorsqu’on se baigne dedans par exemple, on prend encore plus conscience de cette pureté qu’on croyait réservée aux plages corses ou aux îles paradisiaques, de l’autre côté de la planète. En effet, même avec de l’eau jusqu’à la poitrine, même avec seulement la tête et les épaules au dehors, je pouvais apercevoir mes pieds très clairement. Une vraie baignoire !
Fish therapy !
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Et tenez-vous bien : tout ça avec possibilité de voir nager autour de soi des bancs de centaines de petits poissons ! Avec, cerise sur le gâteau, la surprise de s’apercevoir que loin de fuir le corps étranger qu’on est dans leur lac, ces petits poissons viennent au contraire en groupe vous picorer la peau ! Faites une recherche d’images à partir des mots fish therapy et vous comprendrez exactement de quoi il s’agit. Sauf que là, on n’est pas dans des piscines, mais dans un lac ! En pleine nature ! Avec ces poissons dont les autres ne pouvaient pas soupçonner l’existence depuis la plage où ils s’adonnaient à la lecture et au farniente, je tenais un argument supplémentaire pour que les plus curieux d’entre eux viennent me rejoindre et partager mon infantile bonheur de vivre cette expérience qui pour moi était une première ! Au départ, ils étaient sceptiques et entendaient dans mes promesses un bon gros prétexte, une bonne grosse blague pour simplement les faire entrer dans l’eau. Je suis alors sorti chercher l’appareil photo et, en plus de photos du paysage, je me suis mis à prendre quelques clichés de ce qui se trouvait sous l’eau juste devant moi. Ça a dû faire son petit effet car bientôt, Lucile, généralement plus courageuse que ses frères dans ces cas-là, a enfilé son bikini et est venue à mes côtés pour être témoin à son tour de la magie de ces bancs de petits poissons dont le soleil faisait autant de paillettes argentées tournant autour de nous ! On était alors deux pour appeler les autres, et c’est cette fois Olivier qui nous a rejoints.
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