Mercredi 8 août 2012. Nis
Chapitre 6 sur 16. (30 pages et 26 photos dans la version complète)
Extrait :
Nous ne souhaitions pas nous lever trop tôt ce matin-là parce que nous savions qu’il nous faudrait de toute façon attendre l’ouverture de la réception pour payer le camping et récupérer nos passeports avant de filer. Nous ne souhaitions pas non plus trop traîner puisqu’un trajet assez long nous attendait : de 440 kilomètres entre Belgrade et Skopje, il allait être la plus longue étape de route de nos vacances cet été-là ; mis à part les trajets depuis et vers la France via l’Italie et la Croatie. C’est donc sans se stresser mais dans l’optique d’un décampement efficace que l’on s’est extraits de nos tentes et qu’on a procédé aux rituels du matin. Ça a commencé par un petit déjeuner qui a eu son importance... psychologique ! En effet, ce matin-là, nous avons fini le pot de pâte à tartiner aux noisettes apporté de France. Tadam ! Sachant que nos enfants ont, même s’ils le réfutent, « leurs petites habitudes », on savait qu’on ne serait pas, le lendemain matin, à l’abri de petites remarques ou de ronchonnements si on ne réussissait pas, dans la journée, à trouver de quoi le remplacer ! On n’est pourtant pas malheureux quand on campe. On a des céréales, de la confiture, du pain, du miel, du lait, du cacao et de l’eau chaude pour le thé. Voire un yaourt, s’il en reste de la veille... Mais c’est vrai qu’on ne part plus en vacances avec une voiture pleine à craquer de provisions. Ça nous est arrivé, une année : on était partis en Suède et on avait eu peur d’avoir un faible pouvoir d’achat parce qu’on se souvenait avoir dû, une autre année, écourter un séjour au Danemark tant tout nous avait paru super cher ! Donc non, on ne part plus en vacances avec une voiture pleine à ras bord... A cause de la place que ça prend et à cause du poids, à cause aussi des difficultés pour conserver ce qui doit l’être, surtout dans des coins où l’on sait qu’on peut avoir de très fortes températures. Mais c’est donc bien naturel qu’au fur et à mesure des jours qui passent, les produits français cèdent la place à d’autres achetés en chemin ! C’est d’ailleurs plus sympathique d’ouvrir des produits un peu plus exotiques que ceux auxquels on est habitués, non ?!
Après le petit déjeuner, les garçons (qui ne l’avaient pas fait la veille) sont partis se doucher. Ils ont eu plus de chance que les filles qui, après la journée à Belgrade, avaient dû se contenter de douches froides. On a beau dire, mais se jeter sous l’eau glacée, même quand on a eu très chaud, ça tient plus du supplice que du bienfait thermal ! La suite, vous la connaissez : lorsqu’il s’agit de quitter un camping, c’est vaisselle, nettoyage, pliage de la table, des duvets et des tentes et remplissage de la voiture et du coffre de toit ! Chacun retrouve ensuite son siège, met à portée de main ce qu’il ou elle s’est prévu comme occupation pour la route, et... en avant !
On vérifie bien une dernière fois qu’on n’a pas laissé une sardine de tente par terre ou un fil à linge entre deux arbres... Qu’on n’a pas oublié un sac poubelle ou qu’on n’a pas fourré au plus profond d’un sac quelque chose dont on va avoir besoin dans les cinq minutes... On arrête ensuite la voiture devant la réception où l’on nous remet, en plus de nos cinq passeports, un dépliant faisant la publicité du camping afin qu’on n’hésite pas à y revenir ! On paye nos deux nuits en utilisant entre autres le gros billet de cinq mille et on fait le point sur les dinars qu’il nous reste, sachant que même si on passe encore toute la journée en Serbie, on sera dès le soir en Macédoine où les dinars serbes ne nous seront plus d’aucune utilité. Ne pas hésiter à dépenser ces dinars serbes, donc, et pas de problème s’il devait rester un ou deux petits billets : ils partiraient dans la collection de l’un ou l’autre, ou finiraient dans le cahier de voyage !
Enfin, on sort du camping... pour s’arrêter cent mètres plus loin où je n’ai pas oublié que j’avais une plaque d’immatriculation à récupérer ! On la met sous le tapis de voiture côté passager, en espérant qu’un douanier n’aura pas l’idée, un jour qu’on passe une frontière, de la trouver et de nous faire des problèmes. Et c’est parti ! Pour de bon. Le réservoir n’est pas plein, mais ça devrait le faire. Comme on n’a pas utilisé la voiture hier, on ne s’est pas trop soucié du carburant...
Plutôt que de retourner en direction de l’ouest vers Batajnica pour remonter sur l’autoroute à l’endroit où on en était sortis lorsqu’on est arrivés à Zemun, j’ai choisi d’aller chercher une entrée d’autoroute plus à l’est. Le chemin à suivre était donc celui de notre bus d’hier, direction le centre ville de Belgrade, sauf qu’il ne fallait pas louper le panneau que j’avais vu depuis le bus et qui indiquait l’autoroute. Le problème, c’est que ce panneau, je ne l’ai pas revu... J’ai donc fait faire un demi-tour à Muriel qui conduisait, mais sans plus de succès en ce qui concerne cette énigmatique pancarte. De quoi me demander si je ne l’avais pas rêvé, ce panneau ! M’enfin, qu’à cela ne tienne, après un second demi-tour, nous avons filé vers le centre ville de la capitale serbe où, notre carte Michelin nous le certifiait, ça allait être du gâteau. « Tout droit, toujours tout droit », disait Bibendum. Sauf qu’entre une carte à petite échelle où le trait jaune représentant l’autoroute est bien droit, bien clair, et la réalité 3D d’une ville que l’on ne connaît pas et dans laquelle on arrive en voiture pour la première fois, la différence n’est pas neutre ! La preuve, c’est qu’on a bien tourné en rond, ce matin-là... A cause de la signalisation qui nous empêchait parfois de passer là où on l’aurait souhaité, ou parce qu’on s’est parfois persuadés d’être enfin sur la bonne voie jusqu’à ce qu’un détail nous assure du contraire... La tension montait en flèche dans la voiture ! On était en train de perdre du temps alors qu’on avait des kilomètres à faire ! Quel labyrinthe ! Comment suivre efficacement une direction si un premier panneau n’est jamais suivi d’un second ? Oh, mais là... si on va vers Obrenovac, c’est qu’on part dans la mauvaise direction ! Il faut donc trouver comment revenir sur nos pas pour essayer de retrouver la direction qu’on a perdue ! Les enfants, levez les yeux de vos livres et de vos consoles de jeu et dites-nous si jamais vous voyez indiquée la direction de Nis, ou au pire de Smederevo... Et vas-y que je te longe tel bâtiment et que je repasse devant quelques minutes plus tard dans l’autre sens. Le tout, si possible, avec des petits embouteillages ! Oh, ça oui, on en a fait des allers et retours... Et même quand on a enfin trouvé un panneau bleu nous promettant la direction de Nis, des chantiers routiers et un mauvais accompagnement par les panneaux ont fait qu’on a de nouveau perdu le fil ! Bref, on a bien galéré. On a même failli avoir un accrochage à un feu tricolore, non loin de l’ambassade américaine, à un moment où il fallait se positionner sur une certaine voie pour tourner plus facilement vers je ne sais plus quelle direction ou pour faire un énième demi-tour ! Et puis... Et puis il a bien fallu qu’à un moment, la chance nous sourie et qu’on se retrouve enfin sur la route qu’on avait eu si grand peine à trouver. Le bilan fut une précieuse heure de perdue et une petite engueulade entre les parents ; le point positif fut qu’on est passé dans un sens (puis dans l’autre !) devant ce fameux pâté d’immeubles que les Belgradois ont décidé de laisser tel quel pour garder le souvenir des bombardements de l’OTAN qu’ils ont subis en 1999. Dans une ville bien restaurée et qui s’embellit d’année en année, ces immeubles choquent, et c’est bien là l’objectif de la mise en scène. Partiellement détruits, ces bâtiments contrastent en effet avec les immeubles en activité qui les entourent et qui leur font face... Et font galoper notre imagination quant à ce qu’a vécu le quartier lors des attaques aériennes qui les ont mis dans cet état. Et qui ont dû en toucher de nombreux autres aujourd’hui réparés...
Attention : levez la tête ! Si vous restez concentré(e) sur votre route ou si votre regard reste à hauteur d’homme, vous avez toutes les chances de passer à côté du spectacle qu’offrent ces immeubles éventrés... En pleine ville, c’est assez impressionnant !
Après avoir roulé uniquement vers l’est depuis Villemoustaussou jusqu’à Belgrade, notre route allait ce jour-là plonger plein sud. Sous le soleil et sur une chaussée en bon état, le voyage s’est déroulé sans aucun problème. Lors d’un arrêt « pause » dans une station service, on a vu un T-shirt à vendre qui était tentant parce qu’on pouvait voir dessus un texte court écrit uniquement en cyrillique (on aime, ça change des I love London et des California beach !) On a hésité un petit moment, mais on ne l’a finalement pas acheté, n’ayant pas pris le temps de demander ce que signifiait ce texte. Or, il ne s’agissait pas de se retrouver avec un T-shirt avec dessus, par exemple, une bonne grosse blague vaseuse !
Puis c’est relativement rapidement qu’on est arrivé à proximité de Nis. On est d’ailleurs passé à un moment sous un portique autoroutier sur lequel étaient fixés quatre panneaux, chacun d’eux indiquant une direction pointant vers un pays différent : Thessalonique en Grèce, Skopje en Macédoine, Sofia en Bulgarie et Pirot en Serbie ! La classe !
Barres d’immeubles, à Nis.
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Nis (prononcer Niche) est la troisième ville du pays. Posée dans un paysage de collines, son urbanisme compose néanmoins avec de grandes barres d’immeubles qui sont d’autant plus impressionnantes qu’on ne s’attend pas à en voir de telles dans une ville qu’on imagine plutôt petite ! Nis, pour Simon, c’est avant tout la ville natale de Nicolas Karabatic, le joueur de handball. Mais ce jour-là, c’était surtout pour nous la ville étape où il était prévu qu’on aille voir la fameuse Tour aux Crânes qui avait dessiné des moues de dégoût sur le visage de certains lorsque j’en avais montré, dans mon dossier projet, une photo trouvée sur internet. Une photo qui devait aussi attiser la curiosité et l’intérêt d’Olivier puisqu’à ses heures, Monsieur est dans ses périodes « pirate » ! Sans trop bien se repérer dans la ville malgré le plan qu’on en avait dans notre guide car peu de noms de rues y étaient mentionnés et parce qu’on ne se rendait pas compte, en voiture, de la taille de la cité ni des distances, nous avons plus ou moins suivi l’artère dans laquelle on s’était engagés. Elle nous a par chance guidés jusqu’à un panneau qui ne nous laissait aucun doute sur le fait que nous avions trouvé sans problème. (Mais sans faire exprès !)
Le panneau indiquant la Tour aux Crânes.
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